Dans ce trésor ardéchois de 16 km2, des blocs de calcaire colossaux aux formes intrigantes voisinent avec des chênes pubescents. Sous la bienveillance de Jean-François Holthof, installé à l’ermitage Saint-Eugène.
Contrairement aux dolmens, les blocs de calcaire du bois de Païolive, à côté des Vans, dans le sud de l’Ardèche, n’ont pas été taillés par l’homme. Leurs contours ruiniformes sont le produit d’une érosion multiséculaire. Ces rochers colossaux ressemblent à des bêtes sauvages : l’un est appelé L’Ours et le lion (qui semblent s’embrasser), d’autres ont la forme d’un petit éléphant ou d’un bélier. Tous sont intimement imbriqués dans une végétation dense, principalement constituée de chênes pubescents. La cétoine bleue, un coléoptère rare, incarne la diversité de la faune de cette zone protégée.
Les 16 km2 du bois sont creusés de grottes, comme les falaises qui bordent le Chassezac. Pour découvrir ce milieu très particulier, trois circuits balisés – toujours caillouteux – guident les marcheurs qui doivent s’armer de bonnes chaussures. A la fois point culminant et frontière de Païolive, l’ermitage Saint-Eugène est accroché au bord du vide, 40 mètres au-dessus de la rivière. Son ermite, Jean-François Holthof, est un moine de l’abbaye de Cîteaux, installé là depuis 1994.
« En avançant dans la vie monastique, explique-t-il, assis sur un muret, j’ai souhaité plus de silence, plus d’ascèse et plus de proximité avec la nature sauvage. C’était un appel. Quand je suis arrivé à Saint-Eugène, personne n’avait vécu entre ces murs depuis les derniers ermites du XVIIe siècle. J’ai plus ou moins campé pendant un an, nous avons fait des travaux, restauré le bâtiment, et des peintres russes ont décoré la chapelle de fresques. »
« Vivre au rythme des saisons »
A 72 ans, c’est dans cette petite chapelle que le moine – qui est aussi prêtre – dit la messe tous les jours à 11 heures, seul la plupart du temps : « J’ai fermé l’accès à l’ermitage il y a six ans à cause des dégradations. Avant, la chapelle était ouverte. Aujourd’hui, les visiteurs prennent rendez-vous, il y a mon numéro de téléphone à l’entrée. Et c’est ouvert pour la messe du dimanche. »
A quoi ressemble le quotidien d’un homme aussi isolé du monde ? « Il n’y a pas l’électricité ici, ça oblige à vivre au rythme des saisons. Je m’occupe des tâches ménagères le matin. Puis je sors faire des courses. En ce moment, je monte des bidons d’eau parce que la pompe du puits est en panne. » Fait rare pour un ermite, Jean-François Holthof travaille : « Depuis 2004, je m’occupe de l’Association Païolive, qui protège le bois. Mon bureau est chez Pierre Rabhi. Là-bas, il y a l’électricité pour recharger mon portable et Internet pour m’informer. Aujourd’hui, par exemple, nous allons poser un enregistreur pour suivre les grands-ducs. »
Il vous reste 10.19% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
La suite est réservée aux abonnés.Déjà abonné ? Se connecter