L’arrivée d’un insecte venu de Chine fait peser une sérieuse menace sur la production de châtaignes en Ardèche, spécialité locale. Les producteurs lancent un appel aux dons.
Reconnue dans le monde pour sa qualité, la châtaigne d’Ardèche est menacée. Les châtaigniers sont en effet ravagés par le cynips, qui pond au printemps dans leurs bourgeons et dont les larves développent une toxine potentiellement fatale pour l’arbre. L’insecte, qui provient de Chine, est arrivé au début des années 2000 en Italie et a été aperçu pour la première fois en France en 2007. Or sa vitesse de reproduction est exponentielle et fait craindre des dégâts très importants: «L’impact sur la production de cette année est de l’ordre de 20%, avec des pointes à 80% sur certains domaines. Si nous ne faisons rien, 2015 et 2016 pourraient être des années blanches», s’inquiète David Loupiac, castanéiculteur local.
Pour faire face au péril, les producteurs ont décidé de recourir au lâcher de torymus, le prédateur naturel du cynips. Quatre-vingt-dix lâchers ont été réalisés en 2014 et les castanéiculteurs souhaitent en faire de 400 à 600 d’ici à 2016. Cette bataille a cependant un coût puisque chaque lâcher se chiffre à environ 250 euros et les producteurs ne peuvent plus compter sur les aides françaises et européennes. Face à l’urgence de la situation, ils ont ainsi lancé un appel aux dons défiscalisés dans l’objectif de récolter les 150.000 euros dont ils ont besoin.
L’Ardèche produit la moitié des châtaignes de France
L’enjeu est de taille. L’Ardèche produit chaque année environ 5000 tonnes de châtaignes, soit plus de la moitié de la production française qui se situe aux environs de 9500 tonnes, et leur qualité est attestée par le label européen de l’Appellation d’origine protégée (AOP) obtenu en 2014. Le secteur génère, directement ou indirectement, 1000 emplois équivalent temps plein dans le département. «Il y a un attachement culturel à la châtaigne très fort dans la région. Il s’agit de sauver toute une économie», ajoute David Loupiac.
La production de châtaignes n’a cessé de reculer en France depuis le début des années 1960: l’Hexagone en produit sept fois moins qu’il y a cinquante ans, et sa part dans la production européenne est revenue de 18% à 9%. L’Europe subit elle-même une très forte concurrence de l’Asie qui a dorénavant une production dix fois supérieure à la sienne, avec notamment une progression de 800% pour la Chine en 20 ans. Le sauvetage de la châtaigne ardéchoise n’en devient que plus vital