On peut travailler toute la journée et devoir percevoir le RSA. C’est le lot de beaucoup de paysans et d’artistes mal connus. Cyrille le Faou est dessinateur de bande dessinée. Il a créé sa maison d’édition car les droits d’auteur ne lui permettaient pas de vivre. « Les droits d’auteur, c’est 10 % mais on n’engage aucune dépense, éditeur je touche 40 % du prix des albums mais il faut avancer l’argent pour sa fabrication et s’occuper de la distribution, de la promotion… »
Pour l’heure, sa maison d’édition est en déficit. Car l’imprimerie demande 6 000 € pour 1 500 exemplaires en couverture souple (9 000 € pour une couverture rigide) et les ventes sont insuffisantes. Les librairies refusent souvent de s’encombrer avec des ouvrages d’éditions mal référencées et surtout l’importance de la production oblige les libraires à libérer vite les présentoirs.
Ces soucis matériels ne découragent pas Cyrille le Faou. « Pour y arriver, le dessin doit être soigné, il faut prendre son temps, s’appliquer. J’y crois. Le travail du dessinateur est long mais c’est ma passion. Je place beaucoup d’espoirs dans ma prochaine production, l’histoire du Volo Biou de Saint-Ambroix. »
Cyrille le Faou dessine avec méticulosité, il prend également beaucoup de temps pour les repérages. Pour sa bande dessinée retraçant le voyage de Stevenson à travers les Cévennes, il a fait le parcours, un appareil photo à la main pour coller au plus près à la réalité. « Je fais de la bande dessinée historique, tous les détails sont importants. » Il dessine d’après les photos prises sur place, et d’après les cartes postales d’époque. Le voyage avec un âne, en BD, s’est vendu à 8 000 exemplaires.
Pour l’histoire du Volo Biou, Cyrille le Faou a reçu l’aide de Pierre Mazodier, occitaniste réputé qui a traduit le poème d’Albert Arnavielle (né en 1844 à Alès, mort en 1927). Un poème de 300 strophes de cinq vers qui raconte la légende du Volo Biou. « Il y aura pas mal d’occitan, avec des traductions en bas de page. » La mairie de Saint-Ambroix est partenaire pour la conception de l’album.
Une bande dessinée de 46 pages demande 14 mois de travail, sans compter le temps des repérages et d’écriture du scénario. « En dessinant, je pense à des scénarii futurs, alors je ne les compte pas dans le temps de travail. Je lis beaucoup pour me documenter, mais ça ne compte pas non plus. » Onze mois pour dessiner l’histoire, dessin au crayon puis à la plume encre de chine, un mois de finition et deux mois pour la couleur et la couverture. Le fond est peint à l’aquarelle, l’écoline sert à rehausser les couleurs.
Cyrille le Faou sera présent à la fête du livre de Courry, ce dimanche 11 septembre à 14 h 30.
Editions de la rue sombre 211 rive de la Gagnière 30 160 Gagnières ; 04 66 86 42 90 ; cyrille.lefaou@sfr.fr ; www.cyrille-lefaou.fr ; www.editionsdelaruesombre.fr